samedi 7 novembre 2015

France et Etats-Unis : les deux faces d’une même pièce


Il est fréquent d'opposer la France aux Etats-Unis. Après tout, les 2 pays ont des modèles économiques et sociaux si différents qu'on aurait du mal à leur trouver beaucoup de similitudes. Ils partagent pourtant un point commun: ces deux pays représentent des sociétés de naufragés de la mondialisation.

Aux Etats-Unis, le rouleau compresseur de la globalisation a eu pour principal effet de faire exploser les inégalités de revenu. Les emplois industriels relativement bien payés se sont volatilisés au profit de petits boulots précaires et mal rémunérés pour les travailleurs peu qualifiés. Ce phénomène a également frappé des travailleurs plus qualifiés, les opportunités d’offshoring ne cessant de progresser au cours des années 2000. Le salaire médian réel est ainsi au même niveau qu’à la fin des années 80 : plus de 20 ans de stagnation.

En France, les travailleurs les moins qualifiés ont connu le chômage de masse sous l’effet d’un coût du travail et d’un salaire minimum trop élevés par rapport à ce qu’exigent les règles du jeu de l’économie mondialisée. En compensation, ils bénéficient du filet de protection d’un Etat-providence plus généreux qu’aux Etats-Unis.

Dans ces deux pays, la liberté de circulation des capitaux permet à la « caste des intouchables » (pour reprendre l’expression d’Alain Cotta) et aux grandes entreprise d’échapper largement à l’impôt. En France, la contrepartie a été un écrasement fiscal des classes moyennes et des petites entreprises pour financer un Etat-providence qui ne parvient pas à compenser les dégâts collatéraux de la mondialisation.

La conséquence pour ces deux pays est un climat politique et social malsain, pouvant potentiellement devenir incontrôlable. Une étude récente d’Angus Deaton dressait le constat édifiant d’une hausse de la mortalité aux Etats-Unis pour les blancs pauvres atteignant la cinquantaine. Les causes derrière ce surcroit de mortalité sont effrayantes : alcoolisme, addiction médicamenteuse et suicide. C’est le reflet de milieux sociaux détruits et désespérés qui canalisent leur haine en votant pour des candidats républicains de plus en plus loufoques. La France périphérique de Christophe Guilluy offre un visage moins dévasté mais le désespoir et la colère sont bien présents et se manifestent au travers du vote FN. En face de cette révolte d’en-bas, se coalisent une classe politique et des lobbys cherchant à promouvoir un agenda qui exacerbe les tendances centrifuges des sociétés qu’ils gouvernent.

L’économie américaine a échappé tant bien que mal à la stagnation grâce au renouvellement régulier de bulles financières pour combler le déficit de demande engendré par l’explosion des inégalités. En France, l’économie a lentement stagné sous le poids croissant de l’Etat et du manque de compétitivité.

Finalement, la France et Etats-Unis se ressemblent beaucoup : deux sociétés malades de la mondialisation où les mesures habituelles de bien-être que sont le plein emploi et la croissance du PIB ne veulent plus dire grand chose. N’est-ce pas d’ailleurs le cas de tous les pays développés ?

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